En raison de son aversion pour l'occupant et sachant qu'il en était de même
pour Jules LALLAU, son voisin Mr Constant MALLET lui déclara au cours de l'été 1943
que les Allemands avaient entrepris un énorme chantier de terrassement et de bétonnage
réalisé par une foule de travailleurs ne parlant pas français, dans le village de
SIRACOURT, à 30 kms environ d'ACQ, village où résidait son frère Camille.
Probablement intrigué par cette confidence et curieux de voir cela,
Jules LALLAU se rendit chez le frère de Constant MALLET. Avec sa complicité,
sous l'apparence d'un paysan effectuant des travaux dans un champ, Jules
parvint à faire des relevés qu'il communiqua au BCRA de LONDRES
via le réseau de renseignement SAMSON auquel il était affilié.
Robert MASSON a établi ce document à la demande d'Hélène LALLAU, après la fin de la guerre, afin de justifier l'appartenance de son mari à ce Service de Renseignements. Ce Compagnon de la Libération est décédé en Octobre 2010.
Plus d'informations à son sujet ICI
Il apprit donc en retour, qu'il s'agissait de la construction
d'une rampe de lancement de V1. Le village de SIRACOURT étant relativement proche
du littoral de la Manche, donc de l'Angleterre, ces travaux représentaient une grave
menace pour les Anglais. Le chantier était difficilement décelable par les avions
d'observation car tout était dissimulé sous d'immenses filets de camouflage.
Crédit photo : cliché effectué par Max Lallau au Centre de la Coupole à St Omer (P. de C.)
lors du voyage des Lauréats Vauclusiens du Concours de la Résistance et de la Déportation 2007
Disposant de ces précieux renseignements, la Royal Air Force effectua des vols de
reconnaissance dès l'Automne 1943 et lança le 24 février 1944 des vagues de
bombardiers Mosquitos du 617 Bomber Command pour détruire ce site
- les bombes de 250 kgs étaient quasiment "inoffensives"
pour ce blockhaus de 5 mètres d'épaisseur.
Vue aérienne du blockhaus
Crédit photo : Th.Petitbergien, archives départementales Siracourt,
site Insiturevues.org. consacré à la revue des patrimoines.
Le village fut entièrement détruit mais la RAF avait alerté la population
en lançant des tracts annonciateurs, il n'y eût ainsi aucune victime civile.
Finalement, deux bombardiers Lancaster de la 8ème Air Force larguèrent
chacun une bombe de 12.000 livres, disloquant ainsi le blockhaus.
Les allemands abandonnèrent définitivement le chantier le 6 juillet 1944.
Bombardier Lancaster
Crédit photo : J. Devereaux, article 8th US Air Force, 42-45
SIRACOURT ayant été la première cible de bombardement
de rampes de lancement de V1 en construction, les Alliés lancèrent
dès le 4 Août des vagues de bombardiers B17 et B24 sur d'autres chantiers
en cours de construction, dont ceux de MIMOYECQUES, EPERLECQUES et
WIZERNES, tous trois situés aux environs de SAINT-OMER et de CALAIS.
Plus de détails sur cette mission, cliquer ICI
Tous ces bombardements avaient provoqué la mort de dizaines de travailleurs forcés
russes, yougoslaves, polonais ou STO* français et les agriculteurs du village retrouvèrent
encore des corps bien des années après la fin de la guerre.
* Service du Travail Obligatoire
Crédit photo : Max Lallau, à Eperlecques lors du voyage des lauréats du Concours
National de la Résistance et de la Déportation en 2007.
NB : Les détails de la visite de Jules LALLAU à SIRACOURT
durant l'été 1943 furent relatés par Camille MALLET après la fin de la guerre.
Aujourd'hui sa ferme est toujours visible, dans le village de Siracourt :
En mars 2023, 80 ans après, une commémoration fût organisée par M. le Maire de Siracourt,
avec 3 stèles érigées en hommage à Jules LALLAU, aux aviateurs de la Royal Air Force, et des villageois.
Pour lire l'article cliquer ICI
L'auteur remerice chaleureusement Monsieur Daniel CARVILLE,
webmestre du Site Internet francecrashes39-45 net/ ce qui lui a permis d'aboutir
à de nombreuses recherches, dont le fruit est exposé dans les articles qui suivent.